L’argent invisible : comprendre les flux qui façonnent les Almadies

Mouhamadou Niang
Jul 20, 2025Par Mouhamadou Niang

En grandissant aux Mamelles, je n'ai jamais réussi à comprendre qui dans le quartier était plutôt riche, vraiment riche ou extrêmement fortuné. 

👉A Dakar, il y a une sorte d'illisibilité des flux d'argent. En particulier aux Almadies.

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Je pouvais constater que tel ami vivait dans une somptueuse villa avec piscine, achetée ou construite par ses parents, sans crédit bancaire. Mais je savais aussi qu'une autre partie de sa famille vivait dans un autre quartier bien moins huppé, presque dans la pauvreté. Cet ami n'avait pas les manières des gens fortunés, mais il avait tous les biens matériels qu'il désirait, et surtout je voyais que le chauffeur de ses parents l'amenait  à l'école et revenait le chercher après l'école

Ceci m'a toujours fasciné à Dakar, donc j'ai grandi en essayant d'affiner ma lecture. D'où cet article.

Aux Almadies, on peut observer des grosses voitures, des villas en hauteur, des piscines au sel… mais cela ne dit pas d'où vient l'argent et où va l’argent.
L’argent visible est souvent un écran. Une façade sociale.
Ce qui compte, ce sont les flux. Lents, silencieux, bien orientés.
Ceux que les bilans ne montrent pas. Ceux qu’on capte seulement si on observe longtemps.

Ce qui circule sans qu’on le dise : les 4 flux majeurs


1. L’argent des anciens, réinjecté discrètement dans la pierre


Une partie des Almadies est construite sur des terrains hérités des années 1980.

Aujourd’hui, les héritiers — souvent discrets, mais bien formés — rénovent, densifient, et repositionnent.

Vous ne verrez jamais une annonce en ligne.
Mais vous verrez un mur tomber, un studio s’ajouter derrière une villa, ou un promoteur changer de registre.

✅ C’est l’argent patrimonial qui revient sur place. Non pas pour revivre ici, mais pour tenir le quartier.

👉Ma soeur et moi avons par exemple un terrain de 350 m2 aux Mamelles, hérité de Feu notre père, qui l'avait acquis dans les années 1980, mais qui n'avait construit la maison qu'au début des années 2000.

Il y a pour nous la valeur sentimentale de la maison dans laquelle nous avons, en partie, grandi. Mais il y a aussi une certaine réalité, et un désir de continuer à faire grossir le patrimoine. 

👉DANS LA LETTRE PRIVEE, vous saurez tout de notre stratégie, que nous avons mis 3 ans à bâtir, entre attachement émotionnel et désir de bâtir plus afin d'honorer la mémoire de notre père.

2. Les flux de la diaspora haut de gamme


❌Je ne parle pas des transferts Western Union ou Orange Money. Quoique je pourrais faire un article entier sur ce phénomène, qui doit être mieux organisé, mieux orienté pour être injecté dans l'économie productive.


✅Je parle des virements d’un compte à Genève vers un notaire à Dakar. Ou des investissements masqués sous forme de SCI (Société Civile Immobilière), d’achats par prête-noms ou d’apports en capital dans des holdings familiales.

✅Je parle de la diaspora qui n’investit pas pour louer. mais qui investit pour exister dans l’organigramme symbolique du quartier.

Un duplex vide avec vue mer ? C’est peut-être un actif d’influence.

3. Les flux des marchés publics qui ne disent pas leur nom


Certains chantiers démarrent du jour au lendemain, sans permis affiché, sans bruit médiatique.
Ce sont des résidences financées par les fruits indirects des contrats publics.
Le quartier fonctionne alors comme une zone de conversion de marchés en patrimoine privé.

Le rythme, les matériaux, les sociétés impliquées en disent long.

👉Un projet qui va vite, mais sans logo ni affichage, est un signal.

Si vous êtes un vrai entrepreneur, vous savez que la discrétion peut être un frein à la vente, et vous savez que vous devez avant tout vendre. Je parle ici d'autre chose. Ceux qui savent savent. 

4. Les flux liés aux réseaux religieux ou coutumiers


Cela ne figure dans aucun plan d’urbanisme. Mais une partie des mouvements de terrain, de location et de rachat dans la zone haute des Almadies s'explique par des appartenances invisibles :

  • Une confrérie.
  • Une famille maraboutique.
  • Un ancien réseau coutumier de Ngor ou de Yoff.

Ces flux sont lents, puissants et silencieux. Et quand ils s’activent, une villa peut être rachetée en 24 heures… sans même passer sur le marché.

 
Pourquoi l’argent qui compte ne s’annonce jamais


Ce que les Almadies enseignent, c’est que le vrai pouvoir n’achète pas, il réalloue. Il ne surpaye pas, il sécurise.
Et surtout : il ne parle pas d’argent, mais il le fait parler.

✅Dans ce quartier, les flux visibles sont souvent les plus faibles.


C’est autour des maisonnettes jamais à vendre, des piscines jamais remplies, ou des bureaux jamais utilisés que se jouent les choses importantes.

 
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